Trois jours après l’attaque du Prolé, bar communiste emblématique d’Alès, orchestrée par des militants du groupuscule néonazi Bloc montpelliérain, le rassemblement organisé ce lundi 2 juin est une réussite. Entre indignation, colère et nécessité de s’organiser, l’avenir s’annonce mouvementé.
Publié dans l’Humanité le 3 juin 2025 : Embarek Foufa
La réaction unitaire, qui réunit de nombreuses composantes de la gauche politique et associative, répond à l’agression organisée par des membres du Bloc montpelliérain, un groupuscule fasciste.
« C’est gravissime. Si on ne bronche pas maintenant, on ne le fera jamais. On combat l’extrême droite depuis trente ans, on sait que les autorités ne feront pas le nécessaire, c’est aux militants de tous les milieux de se mobiliser », lance David Pascal, secrétaire de la section Orange du parti communiste à quelques minutes du rassemblement prévu à 18 h 30 au niveau de la sous-préfecture d’Alès ce lundi 2 juin.
Dans le même temps, des manifestants affluent en nombre depuis Nîmes, Montpellier, Avignon, ou encore Bollène. Devant 1 500 personnes, d’après les organisateurs, le secrétaire de la section PCF d’Alès Giovanni Di Franseso est le premier à s’exprimer : « Le Prolé est un haut lieu de fraternité et de vivre ensemble. Cette agression odieuse et abjecte n’est certainement pas un épiphénomène. Je salue la présence de nombreux élus locaux, d’innombrables maires et notamment celui d’Alès, Christophe Rivenq. »
Six plaintes ont été déposées et une dizaine de témoignages récoltés
La réaction unitaire, qui réunit de nombreuses composantes de la gauche politique et associative, répond à l’agression organisée par des membres du Bloc montpelliérain, un groupuscule fasciste, usant de gazeuses, envers le Prolé, dans la nuit du vendredi 30 juin alors que la ville était en week-end de fête. Le bilan de cette soirée de Feria de l’Ascension est lourd avec vingt blessés dont un grave. « Je vous remercie d’être si nombreux à dénoncer l’extrême droite. Devant moi, j’ai vu dix personnes déterminées et menaçantes exhibant fièrement leurs tatouages fascistes. Après avoir protégé ma femme enceinte derrière le comptoir, les coups pleuvent », confie le cheminot CGT, victime d’une fracture au nez et de plusieurs hématomes.
Absent en raison de sa convalescence, son message est lu pendant une prise de parole vibrante. Une militante de la JC, également agressée physiquement, raconte : « J’ai vu une dame âgée se faire étrangler et gazée à bout portant. Nous ne plierons pas devant toute forme de violence. » Son intervention combative fait réagir la foule : « Alès, Alès, antifasciste » et le bien connu « Siammo tutti antifascisti ».
Pour l’heure, six plaintes ont été déposées et une dizaine de témoignages récoltés et transmis à la police. Pour rappel, trois membres du Bloc montpelliérain sont venus une première fois sur place 48 heures avant l’incident. Sur une story Instagram que nous avons pu consulter, ils affichent leur présence avec un sticker collé sur le comptoir. L’enquête vise des faits de « violences aggravés par l’usage d’une arme et par la réunion » d’après le procureur d’Alès Abdelkrim Grini informant que les agresseurs n’ont pas été interpellés. Un renseignement qui agace certains manifestants : « Je suis persuadé qu’ils sont connus », s’alarme une manifestante
De son côté, David Pascal dénonce une impunité totale et un deux poids deux mesures par rapport aux militants de gauche, alors que plusieurs élus demandent la dissolution du groupuscule nationaliste-révolutionnaire fondé en janvier 2024 dans la capitale héraultaise et présent à la manifestation néonazie organisée par le Comité du 9 mai.
Bruno Retailleau visé par Fabien Roussel
C’est le cas du secrétaire national du PCF Fabien Roussel, qui vise directement le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau : « Quand va-t-on prendre conscience de ce poison qui se répand dans notre société ? Après avoir laissé défiler ces groupes nauséabonds à Paris, l’attitude passive du gouvernement commence à se voir. Bruno Retailleau qualifie de barbares les auteurs de violences urbaines mais pas un mot ici où il y a près de vingt blessés. Ce n’est pas un ministre, c’est un demi-ministre. »
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Dans la foule, le député insoumis Raphaël Arnault, dont la présence en soutien aux blessés relève de « l’évidence », rappelle son travail militant effectué contre ces groupes d’extrême droite. Le cofondateur de la Jeune Garde précise que : « C’est ce que nous faisons depuis des années et c’est ce qu’ont historiquement fait toutes les organisations du mouvement ouvrier avant de délaisser un petit peu ce travail. » Cette problématique se pose davantage dans un département où tous les députés appartiennent au Rassemblement National.
« Il faut s’attendre à ce que cela se reproduise », signale Francis, militant CGT à l’union locale d’Alès, inquiet vis-à-vis des évènements culturels organisés par le syndicat qui deviennent de potentielles cibles. « Il y a déjà eu ce genre d’attaque à Lyon par exemple. Nous devons faire bloc et afficher un seul mot d’ordre : solidarité. C’est eux contre nous. Ils sont armés et organisés, on voit sur les réseaux sociaux que si Le Pen arrive au pouvoir, ils sont prêts », explique Christophe, éditeur de fanzines antifascistes. Comme un symbole, les participants ont déambulé jusqu’au Prolé pour partager un moment de convivialité. L’internationale est entonnée et les mots de conclusion du texte laissé par le cheminot hospitalisé ce week-end résonnent : « Ni oubli, ni pardon. No pasàran ! »
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