Un événement à Kerity Penmarc’h le 28 octobre avec la venue de Monique Pinçon-Charlot

Eric Bocquet (sénateur communiste) rapporteur de la commission d’enquête sur l’évasion fiscale annonce, après plusieurs mois de travail, les chiffres de 60 à 80 milliards par an, le coût minimum de l’évasion fiscale pour l’État Français.
En France c’est 3% du PIB (soit 2352 *3% = 70 millions d’euros).
Pour les pays européens l’évasion fiscale se situe à 1000 millions d’euros par an.
Non l’ultra riche n’est pas notre voisin, même s’il gagne plus que nous, c’est tout autre chose, c’est un autre monde ! Une caste.

Nous vous invitons à venir débattre avec Monique Pinçon Charlot
le vendredi 28 octobre à Kerity.

Monique et Michel Pinçon-Charlot, sociologues de la bourgeoisie, ont publié de nombreux travaux sur cette classe sociale prédatrice.

ainsi que le jeu de société Kapital

Interview de Monique Pinçon-Charlot le 20 mars 2022 :

Une BD de Marion Montaigne, parue en 2013,
à partir des travaux de Monique et Michel Pinçon-Charlot

Dans le journal Le Télégramme du 26 octobre :

La sociologue Monique Pinçon-Charlot vendredi à Penmarc’h : « Notre vie chez les riches »

Delphine Tanguy le 25 octobre 2022 à 18h30

 

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, célèbre couple de sociologues de la bourgeoisie.
Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, célèbre couple de sociologues de la bourgeoisie.

Le documentaire « À demain mon amour » de Basile Carré-Agostini, qui sera projeté vendredi au cinéma Eckmühl de Penmarc’h, est consacré au couple de sociologues engagés, les Pinçon-Charlot. Retour sur leur vie chez les riches avec Monique Pinçon-Charlot qui animera le débat.

Dans votre dernier livre « Notre vie chez les riches », vous dites qu’être un couple a été un atout pour vos enquêtes auprès de la noblesse et de la grande bourgeoisie, cela a été aussi le cas pour votre travail de sociologue ?

On a travaillé ensemble, avec Michel, sur les mêmes recherches, à partir de 1986. On a commencé par faire nos enquêtes au Maroc. On a hésité entre deux tribus, soit les Berbères du désert et de la vallée du Ziz, soit les grands bourgeois de Paris. Et puis, on a dit, on rentre en France. L’ethnologie, c’est bien mais c’est trop dur.

Etre un couple nous a ouvert les portes parce qu’on était déjà une petite famille à nous deux, et à trois avec notre fils Clément, qui, de temps en temps, s’associait à nous. On était en cohérence avec le fonctionnement de ce milieu pour lequel la famille est au cœur du dispositif de la transmission des patrimoines et donc de la constitution de ces fameuses dynasties, une construction sociale qui permet à l’argent des titres de propriétés massivement possédés par ces classes-là de ne jamais ruisseler vers les autres.

Avez-vous été surpris, après le succès de « Dans les beaux quartiers », de la facilité avec laquelle les riches vous ont ouvert leurs portes ?

Au fond de nos cœurs, on portait le drapeau de la mixité sociale, du partage et de l’égalité et on se retrouve face à un groupe social qui revendique au contraire un drapeau de la solidarité et de l’amour de son prochain mais à condition qu’il soit leur semblable. Le fait de revendiquer l’éloignement du dissemblable, c’est un discours qu’on n’avait jamais entendu. On a parlé de racisme mondain, car il faut être honnête avec soi-même. Mais ils nous ont acceptés, à une seule condition, qu’on ne leur donne plus jamais de pseudonyme. Au CNRS, c’est un peu une règle déontologique qui va de soi. Ils nous ont dit, d’une manière très sociologique, notre nom de famille c’est notre richesse et vous ne pouvez pas nous la voler. La contrepartie, c’était de leur donner à relire les extraits des entretiens. Cela s’est toujours bien passé. Notre projet était d’aller le plus loin possible dans l’analyse sociologique et anthropologique.

Vous êtes avant tout des chercheurs de terrain, préférant les réunions informelles en plein air, pour sortir de l’entre-soi universitaire…

L’un comme l’autre, on a toujours détesté toutes les formes d’emprise. On refusait les emprises institutionnelles que ce soit de la famille, des partis politiques, des syndicats. On était deux électrons libres. On voulait être des chercheurs vivants. Au CNRS, l’essentiel est de trouver des nouveaux champs de recherche et de produire. Ce qu’on a fait en essayant de transmettre les résultats de nos recherches au plus grand nombre. On a rempli le contrat. À partir du moment où on a commencé à publier sur la classe dominante, il y a eu une gourmandise de savoir et de comprendre. C’était dingue !

Quand on a sorti « Le président des riches » dont le personnage principal est Sarkozy, on est partis pour six mois faire une tournée à la Johnny Halliday qui nous a enthousiasmés. Cela nous a donné l’énergie pour, même à la retraite, continuer à travailler.

Cet engagement est au cœur du documentaire « À demain mon amour », c’est le moteur de votre vie de couple et d’intellectuels ?

On nous critique d’être engagés mais, avec Michel, on a toujours refusé d’être découpés en tranches de saucisson. On ne peut pas être sociologue de 8 h à 16 h et citoyen l’autre moitié du temps. On s’est dit on va être honnête, on va dire qui on est et comment on travaille en mêlant toujours statistiques, entretiens et observations. On a toujours refusé toutes les formes de découpages institutionnels faits pour nous empêcher de penser le relationnel et on l’a assumé. Compte tenu des difficultés de la réception de notre travail pour les premiers livres dans le milieu de la recherche humaine, on a décidé, dès 1995, de publier notre Journal d’enquête aux PUF. Il y a vraiment cette revendication d’être des chercheurs vivants mais des chercheurs transparents. On est taxés de militants dès lors qu’on se bat contre l’idéologie dominante.

Pratique

Projection-débat du documentaire « À demain mon amour » de Basile Carré-Agostini, vendredi 28 octobre à 20 h 30, au cinéma Eckmühl à Penmarc’h, en présence de Monique Pinçon-Charlot. La sociologue sera également présente à partir de 18 h 30 à la Librairie du large, 167 rue du port de Kérity à Penmarc’h, pour une séance de dédicaces.


Dans le journal Ouest France le 28/10/22

Interview publiée dans la revue Économie&Politique