Créé en 2009, par Nabila Kilani au Nord de Gaza pour soutenir les enfants les plus pauvres et les aider à étudier malgré la guerre permanente qu’ils vivent, le CETC (Centre Educatif Culturel) a étendu son action en ouvrant dès 2017 le CETC Atfaluna. Ce lieu de soins psychologiques approfondis, dans un local différencié, avec une équipe psycho pédagogique spécifique, accueille des enfants victimes de graves traumatismes de guerre, et porteurs de syndromes de stress post-traumatiques sévères invalidant leur développement. L’objectif est de soigner les enfants porteurs de psycho traumatismes, d’accompagner leurs familles, et d’aider les habitants du nord de la bande de Gaza à surmonter les épreuves.
Les symptômes des chocs traumatiques sont multiples chez l’enfant comme chez l’adulte et nécessitent un traitement spécialisé, car derrière les symptômes de souffrance psychique, existe un état traumatique du cerveau qui ne se résout ni spontanément, ni avec le temps. En effet, de nombreux mécanismes sont en jeu sur différents plans, au niveau biologique, neurologique et psychique.
Depuis 5 ans l’équipe du centre a construit des protocoles de soins approfondis qui ont montré leur efficacité et rendent les enfants plus forts face aux conditions de leur existence à Gaza.
Vous trouverez ci-dessous deux témoignages : Celui de Jeanne Correspondante française de l’AFPS et celui de Lubna
Chers amis,
Vous êtes nombreux à me demander des nouvelles du centre Atfaluna, de toute son équipe et des enfants.
Il est difficile à l’heure actuelle de vous donner des réponses précises, et en particulier de vous donner des nouvelles personnelles des enfants et leurs familles. A notre connaissance, jusqu’à présent, il n’y a pas eu de victimes parmi les enfants. L’équipe a pu entrer en contact téléphonique avec presque toutes les familles du centre. Les familles et les enfants sont éparpillés dans différentes écoles dans des conditions sanitaires et de survie très précaires.
Nous ne savons rien de ce qui se passe au nord avant l’invasion terrestre qui est annoncée et si le centre existe encore. Vous savez que le centre Atfaluna est situé tout au nord de la bande de Gaza, dont la population s’est réfugiée vers le centre-ville de Gaza, à 20 kilomètres plus au sud depuis le début des bombardements.
Les informations circulent beaucoup moins que d’ordinaire à Gaza et même que pendant les agressions israéliennes antérieures : il n’y a presque pas d’électricité ni de connexion internet. Nos échanges se résument donc à de brefs échanges par message texte.
Nabila et sa mère ont quitté en urgence, sur sommation, leur appartement de Gaza et se sont réfugiées ainsi que toute la famille Kilani chez Rana qui habite dans un quartier de Gaza-City. Rana est une des psychologues de Atfaluna. Pour le moment toute la famille est sauve mais chacun appréhende le pilonnage qui se poursuit et l’invasion terrestre annoncée.
Shada a quitté aussi sa maison de Beit Lahiya et est réfugiée dans une école où Nabila l’a retrouvée hier en train de faire une séance de débriefing à 3 fillettes qui avaient perdu leur papa. Comme le dit Nabila dans un de ses messages : « c’est devenu une nature d’apporter du soin psychique » et elles transcendent les horreurs en cours en étant dans toute leur humanité et leur compétence!
Nabila a organisé le plus possible de livraisons d’eau dans les écoles pour répondre à ce premier besoin fondamental des familles et leur apporter ainsi du soutien. Elle a pu croiser dans ces différents lieux un certain nombre d’enfants et de familles de l’effectif actuel du centre ou qui ont fréquenté le centre antérieurement.
Le reste de l’équipe va le mieux possible mais certaines sont dans la perte de certains de leurs proches. Tout le monde est épuisé par ces nuits sans sommeil et le stress permanent, et le pire peut être à venir.
Je vous mets en pièce-jointe un message de Lubna. C’est très personnel mais n’est-ce pas ainsi que nous pouvons appréhender d’ici la réalité vécue par nos amis palestiniens ?
C’est une lettre bien triste que je vous adresse aujourd’hui. Toute la vie est suspendue, mais les magnifiques personnes qui forment l’équipe professionnelle de Atfaluna continuent encore et encore de dispenser le plus de soutien possible autour d’elles. Le projet que nous avons monté ensemble et que vous soutenez garde du sens pour les gazaouis, même dans les moments les plus difficiles et périlleux.
Merci de votre soutien, de votre confiance.
Si vous le pouvez, gardez confiance pour eux, adressez-leur toutes vos meilleures pensées, et parlez de la Palestine et surtout de ce que vivent les Palestiniens !
De tout mon cœur,
Jeanne
Message de Lubna, le 16/10/2023:
« Votre communication avec nous et vos messages sont comme une bénédiction pour nos âmes. Nos cœurs sont connectés malgré la distance. Ce qui se passe dépasse l’imagination et l’imagination.
Nous n’avons jamais vécu une situation aussi catastrophique, peu importe la manière dont elle est décrite.
Mon cœur brûle pour ma famille et mes frères, pour leurs jeunes enfants qui ne comprennent rien sauf la panique et la peur à chaque bruit, et lorsqu’ils voient les massacres devant eux. Ils vivent dans la peur du déplacement.
Mon cœur se lève pour mes amis qui ont été dispersés dans les écoles et mes frères qui sont partis et ont quitté leurs maisons. Le danger nous entoure de partout. J’ai perdu beaucoup de gens et mon cœur a peur d’en perdre davantage.
Je ne sais pas si Dieu m’accordera une durée de vie et je vois Gaza avec son beau visage. Vais-je perdre plus de gens ? Ma famille ?
Pourquoi est-ce le sort du Palestinien ? Le reste des pays vivent en paix. Le Palestinien a été privé de cette chance. Mon cœur me dit que c’est une longue guerre et me parle d’un Désastre imminent. Des milliers de morts.
Merci pour ton beau cœur. Je t’aime »
Pour plus d’informations et pour soutenir Atfulana-CETC :
afps@france-palestine.org atfaluna.cetc@gmail.com
Dr Jeanne Dinomais, pédopsychiatre, référente du projet en France :
dr.jeanne.dinomais@hotmail.fr
atfaluna.cetc@gmail.com
Ces Bretons devaient partir ce jeudi en Palestine pour aider les paysans-cueilleurs d’olives
Ouest France 19 Octobre 2023
Depuis 2001, des militants de l’Association France Palestine solidarité, de Quimper (Finistère) et alentour, se rendent régulièrement dans les territoires occupés en Palestine pour soutenir les paysans cueilleurs d’olives. Parmi eux, Marie Nicolas, Mireille Cachereul et Jean-Paul Lebayle. Tous trois sont déjà allés à de nombreuses reprises dans le pays apporter leur aide. Ils devaient repartir ce jeudi 19 octobre 2023.
Partir cueillir des olives dans les territoires occupés de Palestine pour témoigner du sort des paysans : c’est une action de solidarité à laquelle ont participé, à de multiples reprises, un groupe d’habitants de Quimper (Finistère) et des communes alentour. C’est le cas de Marie Nicolas, militante de la première heure. Femme de multiples combats, elle s’est rendue en Palestine à six reprises depuis 2002. Mireille Cachereul et Jean-Paul Lebayle, domiciliés à Pont-l’Abbé, y sont aussi allés à plusieurs reprises.
Mais ce jeudi 19 octobre 2023, après l’attaque et les crimes de guerre du Hamas sur Israël que tous trois « condamnent », ils n’ont pas pu prendre leur avion. Leurs voyages solidaires s’inscrivent dans les missions civiles de soutien au peuple palestinien, organisées depuis 2001.
« Des témoins »
« On va les aider à cueillir les olives, dont la campagne est fixée par Israël, explique Jean-Paul Lebayle. Ces paysans des territoires occupés sont empêchés d’exploiter par les colons. » Leur rôle sur place n’est pas seulement de donner un coup de main pour ramasser les olives, mais surtout d’être « des témoins qui permettent de faire retomber les tensions », estime Marie Nicolas.
Comme eux, ils sont vingt-huit à devoir annuler leur voyage sous couvert de l’association France Palestine de Rennes. « Deux amis rennais sont sur place depuis le 7 octobre », précise Jean-Paul Lebayle.
Ces militants sont logés chez les paysans : « Avec un matelas au sol, on se débrouille », poursuit Jean-Paul Lebayle. « Pour manger, on verse une contrepartie », ajoute Mireille Cachereul.
La cueillette se fait généralement sur deux sites : au nord de Salfit et au Sud, vers Hahlul. Désormais, il leur faudra faire preuve de patience pour retourner un jour apporter leur aide aux paysans palestiniens. En attendant, ils espèrent « un cessez-le-feu immédiat, sans condition et la levée du blocus de Gaza ».