Merci M. Arnault …

On ne peut que se réjouir pour les Resto du Cœur : 10 millions donnés par Bernard Arnault et sa famille, cela correspond à 1/3 de la somme nécessaire pour boucler le budget de l’association et permettre ainsi à certains de nos concitoyens de survivre … un peu.

Ce don a largement été médiatisé et commenté.

On peut bien sûr apprécier ce geste et se dire que c’est déjà ça de gagné, et c’est vrai.

On peut par contre se poser la question sur l’acte en lui-même. Faut-il faire venir les journalistes et se pavaner devant les médiats ou plutôt rester humble comme Françoise, qui sur sa maigre retraite donne 5 € tous les mois à son association préférée.

On peut se poser aussi la question du montant de cette somme. Ce don correspond à 0,004% de la fortune personnelle de M. Arnault, mais bon c’est 10 millions ! Alors que pour Françoise cela fait 0,33 % de sa retraite, mais ce n’est que 5 € ….

Mais la véritable question que l’on doit se poser n’est-elle pas quelle justice sociale veut-on pour notre société ?

Que penser d’une société qui permet aux plus riches ne pas participer au bien de tous ? (M. Arnault ne paie que 2 % d’impôt en France et n’est pas soumis à l’ISF).

Que penser d’une société qui fait appel aux dons, voire, à la notion très chrétienne de la charité pour s’occuper des plus pauvres ? « … il est évident que le geste charitable est d’abord gratifiant pour celui qui l’accomplit, avant même d’atteindre celui qu’il secourt. Gratifiant dans la mesure où la charité est toujours publique et doit toujours l’être pour exprimer sa valeur sans attendre la rétribution de l’au-delà. Il faut non seulement donner mais se montrer donnant, depuis l’antiquité jusqu’au déploiement médiatique de la charité business d’aujourd’hui … Cette idée de charité a désormais glissé du champ du religieux pour s’enraciner dans celui du politique » qui s’exonère à bon compte des devoirs qui lui incombent. « Ainsi, dans la société où nous vivons, on est passé du droit d’exister à l’existence d’aumône (…) pour survivre. La charité ne coûte rien (…) alors que l’application de lois sociales remettrait en cause l’injuste répartition des richesses et la criminelle inégalité qu’elle produit entre les citoyens ». (Gérard Mordillat, « Tant qu’il y aura de la charité, il y aura de l’injustice », l’Humanité des débats 5-7 octobre 2012)

ET que penser d’un gouvernement qui devant l’urgence de la situation, va débloquer « 156 millions d’euros pour les associations consacrées à l’aide alimentaire en 2023, soit plus qu’un doublement en trois ans, pour soutenir tous les Français qui en ont besoin » (Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles, mardi 5 septembre) alors qu’en même temps son gouvernement participe à la casse sociale de notre pays ?

Alors ce « en même temps » de M. Macron n’est que de la poudre aux yeux, et il est temps de se poser les bonnes questions et d’agir !


« 
Vous voulez les misérables secourus, moi je veux la misère supprimée. La charité de Bernard Arnault ne masquera pas l’injustice fiscale qui frappe les Français. Il est grand temps de rétablir cette justice ! » (Fabien Roussel)