La pauvreté est à notre porte

Il n’y a pas besoin d’aller loin, même pas de traverser la rue.
Des centaines de familles sont en grande difficulté sur le Pays Bigouden.
Il suffit d’examiner le nombre de personnes accueillies par les comités du Secours Populaire sur notre secteur :

Le Guilvinec

139

Penmarc’h

143

Loctudy

45

Plobannalec

49

Plonéour

112

Pont L’Abbé

583

Près de 1100 personnes qui ont eu le courage de venir frapper à la porte du Secours Populaire. Beaucoup d’entre elles n’osent pas encore faire la démarche. Ce n’est pas facile de venir dire : “On a faim. On peut avoir de l’aide ?”
Ces personnes aidées sont en augmentation régulière.
La crise sanitaire n’a fait qu’amplifier les chiffres.
Il y a dix ans sur Pont L’Abbé (avec Combrit – l’Ile Tudy – Trémeoc – St Jean Trolimon) il y avait 180 personnes aidées, ce nombre a plus que triplé.
Aucune tranche de population n’est épargnée. Des retraités, des jeunes, des étudiants, des intérimaires, des nouveaux chômeurs, des salariés, des mamans isolées, des sans logis..
Toutes ces personnes déjà fragilisées subissent de plein fouet l’urgence sanitaire.
Nous vivons une crise sociale historique.
La fragilisation de tout un pan de la société se traduit par plus de besoin auprès des bénévoles du Secours Populaire.

La réalité de cette précarité doit être rendue visible et ne peut plus être ignorée.

Qui aujourd’hui ne connaît pas une personne proche qui semble être dans une situation de pauvreté.
Qui ne rencontre pas des difficultés financières pour payer son loyer, son emprunt, ses charges.
Qui peut véritablement se procurer une alimentation saine.
En Pays Bigouden de nombreuses familles ne peuvent pas se permettre de faire trois repas par jour.
Alors que dire si on doit disposer d’une mutuelle.
Sur Pont L’Abbé 40 % des bénéficiaires du Secours Populaire ont des ressources disponibles par jour inférieures à 5 euros.
Comment se nourrir, se vêtir, se distraire, partir en vacances ?
29 % ont entre 5 et 10 euros.
Le reste des charges étant pris en compte dans ce calcul (loyer, assurance, cantine, dettes, crédits, transports).
Quand la précarité gagne du terrain, les plus faibles subissent. C’est un véritable tsunami de la misère.
Mais demander de l’aide n’est jamais chose facile.
Beaucoup ressentent de la honte lorsqu’ils ne trouvent plus les moyens de s’en sortir.

Les bénévoles s’efforcent de répondre aux situations individuelles en s’adaptant aux besoins de chacun dans le respect de la dignité et de l’autonomie des personnes.
L’aide alimentaire est certes une priorité mais elle est aussi une porte d’entrée vers une solidarité plus grande.
Les bénévoles multiplient les initiatives de solidarité pour venir en aide aux plus précaires, accès aux droits, sorties culturelles, accompagnement scolaire, relais santé.. sont proposés.
Sur une année le Secours de Pont L’Abbé a mis à disposition de la solidarité près de 30 000 heures de bénévolat, soit l’équivalent de 19 temps pleins.
Il y a lieu aussi d’ajouter les heures de bénévolat des autres comités bigoudens (Penmarc’h, Loctudy, …)

La pauvreté et la précarité pèsent aussi gravement sur les enfants.
Devoir accepter de ne jamais rien avoir est destructeur.

La vision d’un État qui donne aux uns et pas aux autres, sans éducation politique, peut se transformer en facteur de violence, ou d’extrémisme, ou d’abstention.
Ne fermons pas les yeux, la misère est partout, il est nécessaire de ne pas laisser sur le coté de la route celles et ceux qui ont besoin.

Agir partout, en tout lieu, et combattre cette politique est d’autant plus que nécessaire.
Les prochaines échéances électorales sont les moyens de refuser cette situation.

Alain Bonnet, Plobannalec