Conférence de presse de Fabien Roussel le 21 avril, avant le 2e tour et les législatives

Mesdames et messieurs,

J’ai souhaité m’exprimer au lendemain du débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, car celui-ci a confirmé la menace majeure qui pèse sur l’avenir de la République. Cette menace, c’est d’abord le projet de la candidate du Rassemblement national qui, comme elle l’a encore démontré hier, va fracturer fortement notre pays, divisant nos concitoyens en fonction de leur religion et de leur origine.

De la remise en cause des principes de notre République laïque, inscrits dans la loi de 1905, jusqu’à tirer un trait d’égalité entre étrangers, musulmans, délinquance et terrorisme, la candidate d’extrême droite propose un cocktail explosif pour la France, pour la jeunesse. Et contrairement à ce qu’elle prétend, les droits des femmes, françaises et étrangères, seront particulièrement menacés. Jusqu’à récemment encore, elle affirmait son opposition à l’allongement des délais de l’IVG.

Je le redis clairement, nous ne voulons pas d’une présidente de la République qui tiendra, lors de son investiture, un discours fait d’amalgames racistes et xénophobes. Nous ne voulons pas d’un projet d’extrême droite au pouvoir qui mettra en cause directement la liberté de la presse, d’association, d’expression et l’indépendance de la justice. Nous ne voulons pas d’une présidente qui collaborera activement avec les régimes les plus autoritaires de l’Union européenne et du monde.

Et nous connaissons trop bien l’extrême droite française pour savoir que son pouvoir s’appuierait sur les groupes identitaires les plus dangereux du pays.

C’est pourquoi, à 3 jours de ce scrutin important, j’appelle les Françaises et les Français à ne pas se tromper de colère. Et à tout faire pour que l’extrême droite et sa politique n’accèdent pas au pouvoir.

Pour cela, l’abstention est un risque majeur. Elle risque de favoriser la candidate de l’extrême droite qui peut bénéficier d’un report de voix du candidat Zemmour et du soutien d’une droite extrême, comme Ciotti, qui en ne donnant pas de consigne de vote, ouvre des digues déjà fragiles.

Si l’abstention est un risque majeur, je regrette que le candidat Macron n’ait pas donné, hier soir, de signes vers la majorité de nos concitoyens en colère contre sa politique et inquiets de ses projets pour l’avenir.

Emmanuel Macron a pris une grave responsabilité hier. Il avait la possibilité de dire qu’il comprenait la colère des Français et qu’il ne mettrait pas en œuvre ses propositions les plus dures, comme le recul de l’âge de départ en retraite à 65 ans. Il n’a pas saisi cette possibilité.

Il devrait prendre conscience que, s’il est élu demain, cela ne vaut pas accord sur son programme. Il devrait accepter que, s’il l’emporte dimanche, c’est par défaut et parce que nous, et tant d’autres, ne voulons pas de l’extrême droite au pouvoir, comme nous ne voulons pas non plus d’un programme qui, encore une fois, va servir la finance au détriment de l’économie réelle.

Avec humilité et moins d’arrogance, il devrait envoyer un message aux Français en les assurant que demain, il ne passera jamais en force ses réformes visant à briser méthodiquement les conquêtes sociales issues du Conseil national de la Résistance.

C’est pourquoi je lance cet appel aux français, aux 11 millions d’électeurs des différentes forces de gauche, aux 12 millions d’abstentionnistes de ce 1er tour : il faut battre Marine Le Pen dimanche prochain en utilisant le bulletin de vote Macron et ensuite, enclencher une grande mobilisation pour battre la droite et l’extrême droite aux élections législatives et porter cet espoir faire gagner une majorité de députés de gauche. Oui, c’est possible.

D’abord, il faut nous mobiliser pour battre Marine Le Pen et pour faire en sorte que le résultat de l’extrême droite soit le plus bas possible dimanche soir. Car à chaque fois qu’un nouveau seuil est franchi, ses idées prennent de la force dans le pays. Je dis aux jeunes de notre pays qui rejettent massivement le projet de Madame Le Pen, engagez- vous, pour le mettre en échec durablement.

Et dès le lendemain de l’élection, le premier enjeu qui sera posé au pays, sera de donner un espoir à gauche, tout en battant les candidats de Madame Le Pen et de Monsieur Zemmour dans le plus grand nombre de circonscriptions législatives du pays.

Car la menace sur l’Assemblée est elle aussi bien réelle. Dès le premier tour, Marine Le Pen était en tête dans 217 circonscriptions du pays. Et le total des voix d’extrême droite dépassait les 40 % dans 129 circonscriptions du pays.

L’enjeu est donc d’empêcher que plusieurs dizaines de députés d’extrême droite fassent leur entrée à l’Assemblée. Nous devons tout faire pour empêcher une vague brune d’envahir les rangs du Parlement.

Mais nous voulons aussi envoyer un signal clair à Emmanuel Macron : s’il était élu dimanche prochain, nous ne voulons pas de sa politique et nous ferons tout pour construire une majorité de gauche à l’Assemblée ! C’est l’espoir que nous devons porter ensemble aux élections législatives.

Avec 11 millions de voix, 32,5 %, +4 % par rapport à 2017, l’ensemble des forces de gauche doit pouvoir s’additionner, gagner et viser une majorité en juin prochain. Nous appelons toutes les forces de gauche à se fixer un tel niveau d’ambition, car notre pays en a besoin.

Comme nous l’avons dit immédiatement, nous reconnaissons le poids de La France insoumise car c’est la première force de gauche, et de loin, à l’issue du premier tour, même si beaucoup d’électeurs nous confirment tous les jours avoir voté à la dernière minute pour le candidat de gauche ayant le plus de chance d’accéder au second tour sans pour autant soutenir son projet.

Comme je l’ai dit durant toute ma campagne, nous devons nous additionner et faire de nos différences une force, une richesse, permettant de rassembler l’ensemble des 11 millions d’électeurs de gauche, et aller en chercher de nouveaux parmi les abstentionnistes !

Je propose de nous retrouver autour d’un contrat de législature et de 10 axes de rassemblement qui, surtout, permettront d’apporter des réponses rapides aux Français concernant leur salaire, leur pouvoir d’achat, leur retraite, l’accès à la santé, à l’école. Mettons en commun ce qui nous rassemble et laissons aussi à chaque force politique la possibilité de défendre ce qui lui est propre.

A ce titre, le programme de la France des Jours heureux, que j’ai défendu pendant la campagne reste un projet de société avec des propositions originales, toujours d’actualité.

De même, les électeurs de Yannick Jadot, comme d’Anne Hidalgo doivent pouvoir se retrouver dans ces élections législatives et avec des candidatures communes.

Créons les conditionnes d’additionner nos voix et non pas de les effacer.

Aussi, parce que je suis déterminé à faire gagner cet espoir à gauche, j’appelle l’ensemble des responsables des forces de gauche à se retrouver, ensemble, pour afficher cet objectif : battre l’extrême droite et la droite de Macron aux élections législatives, et créer toutes les conditions pour que la gauche l’emporte.

Je veux dire publiquement et dans la clarté nos objectifs dans ces discussions. Chacune, chacun mesure que l’objectif d’une majorité à l’Assemblée, c’est à dire la victoire de la gauche dans 289 circonscriptions du pays, est un objectif élevé. Mais il est le même pour chaque bloc : la gauche, la droite ou l’extrême droite ont rassemblé chacun 30 % des électeurs.

Nous devons donc, à gauche, avoir la construction la plus collective possible, avec des engagements communs pour le pays et dans le respect de nos différences. Nous reconnaissons la place centrale de La France insoumise, avec qui nous souhaitons durablement travailler pour conquérir des avancées.

Cela peut se faire dans le cadre d’un travail en commun respectueux de chacun et non d’un ralliement qui effacerait les projets portés ou qui mettrait en danger des députés sortants de gauche.

Décidons ensemble qu’insoumis, socialistes, écologistes, communistes se présentent unis dans de très nombreuses circonscriptions du pays. Et commençons par les députés sortants de gauche, en créant les conditions de leur ré-élection et en faisant en sorte qu’il soit soutenus par tous, sur la base du contrat de législature.

Car si nous voulons gagner en juin prochain, ne commençons pas par faire battre des députés de gauche sortant, au bénéfice de la droite ou de l’extrême droite !

Ensuite, nous prônons que le rassemblement se fasse autour des candidates et candidats les mieux placés pour l’emporter, partout, dans chaque département.

Nous le savons bien, une élection législative n’est pas une élection présidentielle et l’ancrage des candidates et des candidats, avec les maires et élus locaux, souvent gagnés dans l’union des forces de gauche et écologistes, doivent être des points d’appui essentiel pour l’emporter.

Pour travailler à cela, pour porter cet espoir ensemble, pour envoyer ce message fort aux 11 millions d’électrices et électeurs de gauche, aux abstentionnistes, je souhaite que l’on puisse se retrouver ensemble au plus tôt, dès lundi. Je suis disponible pour cela, affichons notre détermination.

Et j’appelle les communistes dans tous les départements de France à s’adresser à l’ensemble des forces de gauche pour porter cet espoir et cette grande ambition pour notre pays.

L’union doit se faire avec tout le monde. C’est la seule condition de la victoire !

Le texte de la conférence en PDF, télécharger ici