Thomas Le Gall, voix des ouvriers de la mer

Il y a un an, cet ex-juriste en droit maritime devenu pêcheur il y a dix ans a créé avec d’autres collègues du cap Sizun, en Bretagne, une association pour défendre une pêche durable et une approche décentralisée, en lien avec les acteurs du secteur.

Publié le 15 avril 2024 dans le journal l’Humanité

Julien Marsault

 

 

Thomas Le Gall a crée il y a dix ans l’association « Pêche avenir Cap Sizun », afin de défendre les intérêts des petits pêcheurs : aller à la rencontre d’élus, tenter de peser dans les prises de décision (quotas, interdictions…) ou encore valoriser leur travail auprès de la population.
© Julien Marsault

Audierne (Finistère), correspondance particulière.

Ce jour-là à Audierne, dans le Finistère, il fait gris à finir pilier de bar. Comme les précédents, Thomas Le Gall doit rester à terre. La mer attendra. Qu’importe, le quadragénaire a de quoi s’occuper. Il y a un an, lui et une quarantaine de pêcheurs côtiers ont créé « Pêche avenir cap Sizun », une association pour défendre leurs intérêts : aller à la rencontre d’élus, tenter de peser dans les prises de décision (quotas, interdictions…) ou encore valoriser leur travail auprès de la population.

« Nous, marins-pêcheurs, on est tous les jours en mer. C’est pour ça que notre parole doit être entendue, accompagnée et structurée », estime cet ex-juriste en droit maritime devenu ligneur artisanal il y a une dizaine d’années. Le phrasé est limpide avec juste ce qu’il faut de lâcher-prise. Il ne s’agirait pas de donner une mauvaise image de la profession ni de se noyer dans la langue de bois.

L’enjeu est de taille : se faire enfin une place face au puissant Comité national des pêches, l’organe chargé de représenter les intérêts de la profession depuis le début des années 1990, avec son patron, le Lorientais Olivier Le Nézet, empêtré dans les filets de l’affaire des poissons volants. Le maître-mot : la défense du chalutage et ses dérives, envers et contre tout.

Dans un milieu aux rapports de force complexes, il est devenu difficile de se faire entendre pour les petits pêcheurs. D’autant plus depuis la disparition des comités locaux en 2010 et lorsqu’on habite dans cette fin de terre, loin des lieux de pouvoir.

« Il y avait tous les ingrédients pour que ça pète »

Quelques mois plus tôt, Thomas Le Gall et une trentaine de camarades d’Audierne avaient débarqué dans la capitale bretonne pour soutenir le mouvement des agriculteurs. Au milieu des tracteurs où se pavanaient Nicolas Dupont-Aignan et une poignée de néonazis, les prises de parole de Thomas Le Gall ont détonné et capté très vite l’attention des médias présents.

« Notre but n’est pas d’apporter une réponse simpliste à des problèmes qui sont évidemment complexes, explique le Breton très mal à l’aise face à la prédominance des discours d’extrême droite dans sa profession. Pour moi, les solutions sont à trouver au niveau local. L’idée, c’est de structurer notre parole, de montrer qu’on est crédibles. Il y a quelque chose de très démocratique là-dedans, avec la volonté de s’émanciper. »

Le besoin de canaliser ce discours lui est apparu il y a un an, lors d’une manifestation de pêcheurs entachée par l’incendie de l’Office français de la biodiversité à Brest. Interdiction de pêche dans les aires marines protégées, impatience quant au paiement des aides gazole, plan de sortie de flotte… « Il y avait tous les ingrédients pour que ça pète. »

Si, au contraire d’un Olivier Le Nézet, lui ne s’oppose pas frontalement aux organisations de protection environnementale comme Bloom, Thomas Le Gall souhaite avant tout faire entendre la voix des ouvriers de la mer. « Nous n’avons pas besoin de ventriloques », estime celui qui défend une pêche durable et une approche décentralisée en lien avec les acteurs du secteur (militants, scientifiques, élus…).

La défense d’un mode de vie

Le sociologue et cinéaste Fabien Clouette connaît bien les rapports de force dans ce milieu de marins, notamment en Bretagne : « Il y a une forme de conscience, à l’échelle locale, que l’intérêt des petits pêcheurs n’est pas le même que celui des gros chalutiers. » La démarche de Thomas Le Gall rappelle ainsi celle d’un autre ligneur breton très investi dans leur défense, Gwen Pennarun, ou encore l’association de soutien à la pêche durable Pleine Mer.

Pour le chercheur, Audierne est l’exception qui confirme la règle. Ici, la criée se porte bien, au contraire d’autres ports bretons. La valorisation du métier et des produits de la mer perdure malgré les difficultés économiques. « Nombreux sont les pères qui embarquent leurs fils à bord de leur ligneur pour transmettre le métier puis le navire », écrivait-il par exemple dans sa thèse, « Devenir pêcheur dans le sillage du capitalisme » (2019). Une dynamique qui favorise l’émergence de ce type d’initiative.

C’est d’ailleurs le cas de Thomas Le Gall, dont la famille travaille dans le milieu depuis plusieurs générations. Plus qu’un métier, lui y voit aussi la défense d’un certain mode de vie : « Par-delà le port, par-delà les marins, il y a toute une communauté derrière. C’est un marqueur d’identité, historique, qui renvoie à un imaginaire auquel tout le monde est attaché. On ne voudrait pas voir ce port sans marins-pêcheurs. Politiquement, ça suppose de ne pas concevoir les choses uniquement comme la défense d’une corporation mais comme quelque chose de plus vaste. » Le nom du navire de son grand-père ? Le Jean-Jaurès. Ça ne s’invente pas.

Publié dans l’Humanité le 27 mars 2024

Européennes 2024 : à Loctudy, les pêcheurs bretons tentent de survivre à l’Europe libérale

Léon Deffontaines, tête de liste PCF, et Fabien Roussel, secrétaire national, sont partis à la rencontre de la filière halieutique, frappée par une crise similaire à celle des agriculteurs. Ils ont ensuite tenu meeting à Quimper.

Politique

5min

Mis à jour le 27 mars 2024 à 18:18

Diego Chauvet

Rencontre de Leon Deffontaines et Fabien Roussel avec des pécheurs du Finistère pour la campagne des européennes 2024.
Guillaume Saligot / Ouest-France MaxPPP

« J’ai fait mon apprentissage sur ce bateau de mes 12 ans à mes 17 ans », raconte Julien Le Brun à Léon Deffontaines, alors que les flots les secouent tous les deux, lors d’une sortie en mer. Cet armateur de 42 ans a repris ce chalutier qui a le même âge que lui. Puis le jeune apprenti pêcheur a pris de la bouteille, et a acheté huit autres navires. Celui qui fend les eaux sous leurs pieds part tous les matins à 5 heures, pour être de retour dans le port de Lesconil à 18 heures chargé de langoustines.

« Avec un bateau de cette taille, il faut en faire 15 tonnes dans l’année. C’est ce qu’on a fait l’an dernier. Les bonnes années, on peut en faire 20. » Une quantité nécessaire pour rentabiliser les sorties en mer, « à condition que le prix du gasoil n’explose pas », précise Julien. 42 ans, c’est vieux pour un chalutier au regard des normes requises. Il faudrait investir des centaines de milliers d’euros pour le moderniser.

L’Inizan, puisque c’est son nom, a bénéficié de quelques améliorations techniques, bien sûr. « Autrefois, il fallait quatre à cinq personnes pour une journée de pêche. Aujourd’hui, on part à deux », explique Julien. Mais le renouvellement de la flotte reste un véritable défi pour les pêcheurs bretons. « Il faut qu’on cherche tous les leviers pour aider la filière à changer ses navires », note le candidat communiste aux élections européennes. « On est encore à l’ère de la 2 CV, et l’État nous impose les normes de la dernière Mercedes », résume un autre pêcheur…

La filière halieutique menacée de disparition

Ce jour-là, le 26 mars, Léon Deffontaines est accompagné du secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, dans le pays bigouden, au sud-ouest de la Cornouaille finistérienne. Leur visite démarre sur le port de Loctudy, où les attendent les professionnels de la filière halieutique (l’exploitation de ressources vivantes aquatiques), organisés au sein du Collectif pour le maintien de l’activité portuaire à Loctudy.

Car les nombreuses difficultés auxquelles ils sont confrontés menacent la survie même de leur activité dans la région (300 emplois). « Nous, nous sommes des artisans. On n’ira pas vendre des saucisses à Strasbourg ! » lance ainsi Bruno Mourrain, mareyeur (revendeur) local. La saillie peut sembler logique. Elle tient pourtant du défi face au marché organisé par l’Union européenne. Marie Le Guen, présidente de l’association Demain Saint-Gué, cite un exemple : « Nous n’avons pas de quotas pour les maquereaux. On n’a pas le droit d’en pêcher. »

Les pêcheurs de Loctudy observent donc des bateaux étrangers pêcher ces poissons juste sous leur nez pour les ramener en Écosse, où ils sont conditionnés puis renvoyés à la vente… en France. « On achète en Écosse, alors qu’on a des maquereaux juste devant nous. » « Et les palangriers ont peur parce qu’ils ont épuisé leur quota de lieu jaune, explique également Marie Le Guen. Le problème, c’est qu’il y a toujours du lieu jaune. Résultat, quand ils en attrapent, ils les rejettent morts à la mer. On gaspille du poisson à cause de ces quotas… »

« C’est la guerre des prix »

Les professionnels de la filière halieutique sont par ailleurs confrontés aux effets des traités de libre-échange. Des églefins venus d’autres mers sont vendus 12 euros le kilo, contre les 14 ou 15 euros des pêcheurs bigoudens. « Dans des plats de paella conditionnée, on va retrouver des moules du Chili », souligne Guillaume Nicolle, lui-même mytiliculteur et vice-président de l’association interprofessionnelle.

« C’est la guerre des prix », résume-t-il. Avec des conséquences : les jeunes tournent le dos à la profession, des bateaux sont envoyés à la casse, et remplacés par des subventions. « Il faut des années pour assurer la transmission », souligne Marie Le Guen. « Moins il y aura de marins, moins il y aura de savoir-faire. Et un jour, on ne pourra plus redresser la barre. »

Pour Léon Deffontaines et Fabien Roussel, cette visite a un air de déjà-vu, même si c’est leur première parmi les pêcheurs dans le cadre de la campagne des européennes. « Ça rappelle clairement la situation des agriculteurs », résume le secrétaire national du PCF. Avant de rejoindre une réunion publique qui a rassemblé 400 personnes à Quimper, Léon Deffontaines formule de premières propositions.

Mardi 26 mars : Rencontre avec les acteurs de la filière halieutique bretonne et du Pays Bigouden à Loctudy

Organisée conjointement par la section PCF du Pays Bigouden et par l’interpro de défense des métiers de la filière pêche dans le Pays Bigouden, de nombreux armateurs, patrons pêcheurs, acteurs et porte-paroles de la filière ont eu un échange très chaleureux avec Léon Deffontaines et Fabien Roussel. Ils étaient accompagnés par Louis Guiriec de la section du pays bigouden, des candidats aux européennes du PCF Amar Bellal et Taran Marec, Gladys Grelaud, conseillère régionale, et Gérard Lahellec, sénateur, Guenola Le Huec, secrétaire départementale du PCF Morbihan et élue, Ismaël Dupont, conseiller départemental et secrétaire départemental du PCF Finistère, les deux amis élus de l’opposition Christine Corfmat, et André Flament et de Maryse Rousseau, secrétaire de la section PCF du Pays Bigouden. De nombreux journalistes de la presse écrite et de la télévision couvraient cet événement.

Une cinquantaine de militants communistes bigoudens ont accueilli ensuite Léon Deffontaines et Fabien Roussel sur le port de Loctudy, pour une crêpe et un coup de cidre sous le barnum, pour une rencontre conviviale prolongée avec les patrons de pêche, avant que Léon Deffontaines ne prenne lui-même la mer à bord d’un chalutier à Lesconil.

La journée s’est poursuivie le soir, par un meeting politique régional à Quimper, en présence de 450 personnes.

          

      

     

Quelques images

 

Reprenons la main sur l’avenir de la pêche artisanale

 Le réchauffement  et le dérèglement climatiques nous obligent, la transition est nécessaire

ils impactent la biodiversité et la ressource s’en ressent. De plus, comment ne pas s’indigner de ces multinationales qui pillent les océans en toute impunité en cumulant de « superprofits », au détriment d’une pêche raisonnée , respectueuse de la gestion de la ressource et des habitats marins.

Toutes les activités économiques sont concernées, la pêche aussi ! Il est inadmissible que des multinationales s’accaparent la plupart des quotas. Les conséquences sont mortifères pour la pêche artisanale : diminution de la ressource, réduction de la puissance de pêche par la destruction de navires, diminution des apports sous les criées, fermetures d’entreprises de mareyage, de constructions navales, de mécanique spécialisée….et des licenciements actés et à venir.

Les professionnels de la pêche artisanale se sont adaptés à la situation en utilisant des méthodes de pêche raisonnées et en privilégiant la ressource destinée à la consommation humaine plutôt qu’à des usages industriels.

 

 L’Union Européenne tient un double discours

D’un côté elle prône une pêche responsable, vertueuse et durable et de l’autre elle favorise le développement de multinationales de la pêche industrielle, responsables en grande partie de la destruction de la ressource. Le gouvernement français nie la présence des navires usine en zone protégée.

En janvier 2024, les eurodéputés LR et Renaissance ont rejeté un amendement interdisant aux bateaux de plus de 25m de pêcher dans les eaux de la bande côtière. La crise que connaît la pêche artisanale sur notre quartier maritime est un choix politique national et européen. Ce n’est pas une fatalité !

 

  Les professionnels doivent s’organiser démocratiquement et retrouver la maîtrise de leur métier.

Le Comité National des Pêches et les Organisations de Producteurs, instances représentatives des marins, ont toute légitimité pour réfléchir et proposer des solutions d’avenir.

Les Organisations de Producteurs gèrent les activités de la pêche (fileyeurs, ligneurs, côtiers, hauturiers…) sur le plan économique, notamment sur la répartition des quotas, et sur la garantie d’un prix minimum. On peut craindre que ces instances ne soient devenues les courroies de transmission des directives décidées sans concertation,  au niveau des commissions européennes et du ministère français.

 

  La transparence de la répartition des quotas est un enjeu majeur, qui détermine la pérennité de la pêche artisanale et de l’économie de notre territoire.

Chaque année, la Commission Européenne en lien avec les scientifiques, fixe des quotas par espèces : TAC (taux autorisés de capture). Elle se tient à huis clos, afin de répartir les quotas à chaque pays membre. C’est à cette étape que les multinationales usent de leurs influences pour récupérer un maximum de quotas au détriment de la pêche artisanale.

 

Pour les communistes , il devient urgent que la filière dans son ensemble s’organise collectivement et se réapproprie son activité, à l’instar de l’action menée par l’Interpro de Loctudy et de l’Association “demain St Gué”

 

 

 

Crise de la pêche : « Pas de fatalité, un choix politique », d’après le Parti communiste du Pays bigouden

Pour le Parti communiste du Pays bigouden, la crise de la pêche artisanale n’est pas inéluctable. Il prône la modification des règles et l’élaboration d’une vision ambitieuse au niveau européen et français.

Louis Guirriec, Maryse Rousseau et Philippe Moreau du Parti communiste du Pays bigouden.
Louis Guirriec, Maryse Rousseau et Philippe Moreau du Parti communiste du Pays bigouden. (Le Télégramme/Steven Lecornu)
Léon Deffontaines, tête de liste du PCF aux élections européennes de 2024, fera un déplacement au Pays Bigouden le 27 mars

Pas de fatalité. Un choix politique

       

Pas de fatalité à la crise de la filière pêche, c’est le résultat d’une politique nationale
et européenne bien pesée.
Certes le réchauffement climatique, les pollutions terrestres impactent grandement
les écosystèmes mais bien moins que la pêche industrielle.
De puissantes multinationales de la pêche ont mis la main sur la plupart des quotas
en investissant dans d’immenses chalutiers automatisés, en rachetant ou en
fusionnant avec d’autres entreprises de pêche moins performantes.
Ces mastodontes des mers se livrent à un véritable pillage des océans en toute
légalité grâce aux quotas que leurs attribue L’UE et les victimes en sont les pêcheurs
artisans. Ainsi, entre 2013 et 2019 la flotte européenne a perdu 5505 navires tout en
conservant le même niveau de captures de poissons.
Chaque année, la Commission Européenne fixe un total admissible de captures
(TAC) pour chaque espèce en se basant sur les recommandations des scientifiques.
Ensuite ce TAC est réparti entre les Etats membres avant d’être à nouveau divisé au
sein de chaque Etat selon des règles nationales.
La réunion au niveau européen pour décider de la répartition de ces quotas se
déroule à huis clos et lors de cette étape s’effectue un gros travail de lobbying de la
part des multinationales pour récupérer un maximum de quotas au détriment de la
pêche artisanale.
Certains quotas sont achetés par ces mégas sociétés au même titre qu’une action
boursière. Parlevliet-Van der Plas et Cornelis Vrolijk, sociétés néerlandaises,
possèdent ainsi des quotas en Allemagne, au Royaume-Uni ou en France. Parlevliet-
Van der Plas a ainsi racheté les sociétés françaises Euronor et La Compagnie des
Pêches de St Malo, Cornelis Vrolijk possède la société France Pélagique à qui
appartient le Scombrus, le tout en captant au passage les fameux quotas.
Ces deux sociétés néerlandaises font partie des plus puissantes et des plus
influentes en Europe, leur ascension est le fruit d’un contexte politique très favorable
à l’essor de la pêche industrielle.
L’UE tient un double discours, d’un côté elle prône une pêche responsable, durable
et de l’autre elle favorise le développement de ces mégas sociétés.

Le Parti Communiste Français condamne ces petits arrangements au niveau
européen.

Ces tractations opaques induisent des choix politiques assumés qui ont
un impact conséquent sur nos pêcheries locales et nos territoires, diminution de la
ressource, réduction de la puissance de pêche par la destruction de navires,
règlementation inappropriée, diminution des apports sous criée, fermeture
d’entreprises, mareyage, mécanique, construction navale … La filière est donc en
crise et ce n’est pas nouveau.

Comment peut-on en arrivé là ? Est-ce à dire qu’un maillon manque à la chaîne de
réflexion, de décision au sein des métiers de la mer pour peser aussi peu ?

Pourtant les marins disposent de deux instances reconnues pour les représenter :
– Le CNMPEM (Le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins)

– les Organisations de Producteurs dont pêcheurs de Bretagne.

Les responsables de l’une sont élus par leurs pairs avec un taux de participation faible
des marins et ceux de l’autre simplement désignés par les adhérents-cotisants.
Ces instances sont légitimes pour réfléchir, anticiper et prendre les décisions qui
s’imposent afin d’éviter les situations de blocage.
Certes le rôle des comités est de représenter les intérêts de la profession, d’encadrer
les pêcheries, de participer à l’élaboration des réglementations françaises et
européennes, mais il leur appartient aussi de proposer un projet, une vision d’avenir
pour les pêcheries. La remarque vaut aussi pour les organisations de producteurs
dont le rôle est l’organisation de l’activité de la pêche artisanale, fileyeurs, ligneurs,
côtière, hauturière sur le plan économique, notamment dans la répartition des quotas
et la garantie d’un prix minimum de marché.
Malheureusement on peut craindre qu’elles ne soient devenues que de simples
courroies de transmission des directives décidées en amont au niveau de la
commission européenne, du parlement européen et du ministère français sans
concertation ni dialogue avec la base.
De ce fait une véritable crise morale touche le milieu maritime, une impression
d’impuissance face aux contraintes et obligations, avec de surcroît le sentiment
d’avoir perdu la maîtrise de leur professionnalité.
Et pourtant le savoir-faire des pêcheurs artisans fait qu’ils sont les mieux à même de
connaître les écosystèmes, d’utiliser des méthodes de pêche raisonnées à faible
impact et de privilégier les poissons destinés à la consommation humaine plutôt qu’à
des usages industriels.
Il devient vital pour les professionnels de la filière qu’ils se réapproprient
collectivement leur destin au sein d’instances démocratiquement élues, à l’instar du
mouvement qu’ont initié l’Interpro de Loctudy et Demain Saint Gué en présentant
une réflexion réaliste de leur activité suivie de propositions concrètes.
On ne peut se satisfaire d’aller de PAI en PAI. Celui concernant les bateaux vient de
s’achever, se profile probablement un plan de soutien aux entreprises de mareyage
qui manquent d’apport depuis déjà plusieurs semaines. C’est tout l’équilibre social,
économique, culturel du territoire qui est en jeu.
En France on assiste à un dilemme notoire avec d’un côté la pêche industrielle et de
l’autre la protection de la pêche artisanale associée à la protection des océans.
Le gouvernement français nie l’existence de navires usines en zone protégée et
pourtant les méga chalutiers européens et français comme le Scombrus, Le Prince
Bernard pêchent librement au large de Calais dans la zone natura 2000 du banc des
Flandres, du Cap Gris Nez et dans le parc marin de la Côte d’Opale toutes les
semaines toute l’année. En dix minutes ces navires peuvent pêcher 100 tonnes de
harengs, cela représente pour un artisan une activité pendant 15 ans.

Ces méga chalutiers auraient pu être exclus de la bande côtière mais le 18 janvier
2024 les eurodéputés français de droite et de renaissance ont rejeté un amendement
qui demandait l’interdiction aux navires de plus de 25 m de pêcher dans les eaux de
l’union jusqu’à 12 000 marins des côtes. C’est le cas du chef de file LR aux élections
européennes Fr Xavier Belami et de l’eurodéputé renaissance P Karleskind président
de la Commission Pêche du Parlement Européen.
Ces deux députés et une majorité de leurs collègues du même bord ont rejeté un
autre amendement favorable à l’élimination du chalutage dans les AMP.
La doctrine du gouvernement français est donc de laisser les gros navires pêcher
massivement dans ces zones au détriment des pêcheurs artisans et de la bonne
gestion de la ressource.

Contribution de la Section du PCF du Pays Bigouden au débat sur la situation de la filière pêche

L’impasse dans laquelle se trouve la filière pêche aujourd’hui est la parfaite illustration des conséquences néfastes du TCE (traité constitutionnel européen) que les Français ont largement rejeté en 2005 mais qui a néanmoins été adopté en 2008 sous le nom de Traité de Lisbonne par le parlement sous la présidence de N Sarkozy et ce contre l’avis du peuple français.

Ce traité, actuellement en vigueur, met en avant le sacro-saint principe de la concurrence libre et non faussée en vertu duquel un Etat ne peut financer un secteur d’activité économique donné. Continue reading “Contribution de la Section du PCF du Pays Bigouden au débat sur la situation de la filière pêche”